A travers la fumée, nous aperçûmes deux ou trois places vides où nous n’arrivâmes point sans difficulté. Quelle atmosphère ! Quelle odeur mélangée de tabac, de spiritueux, de bière et de gaz ! C’était la première fois que j’entrais dans ce lieu, la première fois que je voyais des femmes dans un café fumant. Nous avions autour de nous non-seulement des femmes, mais des Dames.
Il y a vingt ans, on eut inutilement cherché ce spectacle dans tout Paris. Visiblement, ces dames avaient traîné là leurs maris vaincus ; l’air dépité et empêtré de ces malheureux le proclamait assez haut. Mais, pour elles, à peine semblaient-elles dépaysées. Il avait raison, ce vieux et honnête valet de chambre qui me disait un jour, parlant de sa marquise, tout-à-fait dévoyée : — "Monsieur, on ne sait pas ce qu’un maladroit peut faire d’une femme comme il faut !" Et qu’est-ce que la femme "comme il faut" ne peut pas faire aussi d’un maladroit ? La présence de ces femmes "comme il faut" donnait à l’auditoire un cachet tout particulier de débraillement : le débraillement social !
Au Café-Chantant – Eugénie Emma Valladon dite Thérésa – 1867
Histoires insolites sur Paris
Si la renommée mondiale de Paris s’est construite grâce à son charme et son atmosphère romantique, de nombreuses histoires insolites ont également contribué à faire de la capitale une ville à part. Des légendes aujourd’hui profondément ancrées dans la culture française, nées et amplifiées à Paris.
Un nom de rue qui a bien changé
La jolie rue du Pélican, à côté du Louvre et du Palais Royal, est une transformation de son nom d’origine : la rue du Poil au Con. Située juste derrière l’enceinte Philippe-Auguste, elle faisait partie des rues où la prostitution était légale sous Louis IX (Saint-Louis).