Des filles publiques sous Philippe-Auguste

Ce roi, pour la sûreté de sa vie, menacée, dit-on, par les assassins du Vieux-de-la-Montagne, ou plutôt par une troupe de jeunes gens, que Richard, roi d’Angleterre, faisait élever dans l’art de braver la mort, en assassinant tous ceux que leur roi leur désignait, s’entoura d’hommes courageux, propres à défendre sa personne. Ces hommes furent nommés les Ribauds. Leur chef portait le titre de Roi des ribauds ; il avait plusieurs emplois et prérogatives, au nombre desquelles les filles publiques qui suivaient la cour, étaient tenues de faire son lit pendant tout le mois de mai. Ce roi des ribauds gardait les portes du palais, était bourreau, partageait avec le prévôt les dépouilles des condamnés, avait l’inspection et la police des jeux de hasard, des maisons de prostitution, ainsi que des femmes publiques qui suivaient ordinairement la cour. La prostitution n’emportait point note d’infamie ; c’était une profession reconnue, autorisée. C’était une corporation qui avait ses réglemens, ses coutumes et ses privilèges ; celles qui suivaient la cour, sous la dépendance du roi des ribauds, étaient qualifiées de prostituées royales (merctrices regias). Sainte Madeleine était leur patronne. Ce fut Saint-Louis qui les obligea à porter certains habits pour les distinguer des honnêtes femmes. (Voyez Ducange). Jacques Antoine Dulaure - Singularités historiques contenant ce que l’histoire de Paris et de ses environs offre de plus piquant et de plus extraordinaire - 1825