Filles pénitentes – 1496

Charles VIII, par lettres du 4 septembre 1496, confirma cet établissement, qui fut en dernier lieu transféré au monastère de Saint-Magloire, rue Saint-Denis. Les filles, pour être admises dans ce couvent, étaient tenues de faire des preuves suffisantes de leur libertinage, d’affirmer par serment prêté sur les saints évangiles, en présence du confesseur et de six personnes, qu’elles avaient mené une vie dissolue. On était fort rigide sur cette preuve. Il arrivait que des filles se prostituaient exprès pour avoir droit d’entrer dans cette communauté. Lorsque ce fait était reconnu, on les chassait honteusement de la maison. Il arrivait aussi que des filles, à la suggestion de leurs parens qui voulaient s’en débarrasser, se présentaient en protestant et jurant qu’elles avaient vécu dans la débauche, tandis qu’elles étaient encore vierges. Cette singulière tromperie détermina les religieuses à vérifier le fait et à ne point s’en rapporter au serment des aspirantes. Toutes les filles, alors en présence des mères, sous-mères et discrètes, et par des matrones nommées exprès, furent soumises à une scrupuleuse visite. « Vous savez, porte un article du règlement, qu’aucunes sont venues à vous qui étaient vierges et bonnes pucelles, et telles ont été par vous trouvées, combien qu’à la suggestion de leur père et mère, qui ne demandaient qu’à s’en défaire, elles eussent affirmé être corrompues. » Ainsi, après la visite, si la postulante était trouvée vierge, on la renvoyait comme indigne d’entrer dans ce couvent. Jacques Antoine Dulaure - Singularités historiques contenant ce que l’histoire de Paris et de ses environs offre de plus piquant et de plus extraordinaire - 1825