L’expression « cour des Miracles » désigne, au XXIe siècle, tout emplacement mal fréquenté. Dans l’ouvrage de Victor Hugo « Notre-Dame de Paris », elle représente un endroit qui réunit les miséreux de France. Difficile d’imaginer de tels lieux, qui sont rassemblés au cœur de la capitale. La Cour des Miracles a-t-elle vraiment existé ?
La vérité sur la Cour des Miracles
Des personnes miséreuses ou campagnardes, à la recherche d’un gagne-pain, remplissaient les grandes villes de France, dont Paris. La Cour des Miracles existait déjà au Moyen-âge. Elle fut dévoilée au public au XVIIe siècle, sous le règne des rois Louis XIII et
Louis XIV.
La Cour des Miracles de Paris symbolisait des quartiers pauvres et de non-droit. Elle regroupait les personnes exclues de la société, les indésirables. Chaque grande ville de France possédait ce type de lieu. La Grande Cour des Miracles, dite fief d’Alby, était la plus grande de toutes. Elle est située entre la rue du Caire et la rue Réaumur, ils constituent l’actuel IIe arrondissement.
Ces endroits sont considérés comme des zones sales des quartiers de Paris. Selon des données topographiques, douze cours existaient dans la grande ville. Elles sont caractérisées par leur ancienneté et leur superficie. L’aspect lugubre du lieu lui rend également célèbre. La plus vaste cour se trouvait au centre des portes
Saint Denis et Montmartre, à mi-parcours des rues Montorgueil.
La rue de la Grande Truanderie où est située l’actuel 1er arrondissement, constitue la plus ancienne
Cour des Miracles de Paris. La rue des francs-bourgeois abritait le quartier le plus terrifiant, les pauvres dispensés de taxe y habitaient. Victor Hugo dans l’ouvrage intitulé
Notre-Dame de Paris a rendu célèbre la Cour des Miracles. Une civilisation est née dans cette cour. En effet, les habitants ont développé des langages spécifiques. Pour survivre, ils utilisaient des ruses ou d’autres moyens de diversion pour faire attirer les passants afin d’obtenir quelques sous.
L’origine de l’appellation « Cour des Miracles »
La
Cour des Miracles était un ensemble de lieux qui regroupe les mendiants, les vieillards, les vagabonds, les estropiés, les voleurs, voire les prostituées. Il est paradoxal de parler de miracle pour un endroit qui réunit ces catégories de personnes.
Au Moyen-âge, les Bourgeois et les membres de la police évitaient de côtoyer les individus de cette cour. En effet, la capitale et ses environs étaient remplis de pauvres et d’estropiés. Ils mendiaient pour gagner leur vie. Une fois la nuit tombée, ils retournaient dans la cour.
Selon les croyances, ils enlevaient leurs « costumes » dès l’entrée dans leur repère. Les aveugles retrouvaient la vue, les paralytiques reprenaient l’usage de leurs membres, les boiteux pouvaient marcher sans peine. Dans cette optique, l’endroit est devenu la « Cour des Miracles ». Ainsi, la plupart des occupants ne souffraient d’aucune infirmité. Leurs handicaps constituaient une feinte afin de gagner de l’argent.
La Cour des Miracles au Moyen-âge
La Cour des Miracles établissait des lois et des principes de savoir-vivre. Les membres, principalement des nécessiteux, étaient soumis à une classification interne. Ils possédaient un meneur, un souverain. Ce dernier régnait sur tous les vagabonds et les mendiants de France, il leur donnait les directives à suivre. Il se faisait appeler « le grand Coësre » ou « roi de Thunes ». Il avait pour mission d’apprendre le métier de mendiant au nouveau venu, en contrepartie d’un impôt.
Il effrayait le roi de la France. Dans cette optique, le roi Louis XIII tentait de mettre fin à son idéologie avec des projets de constructions. Comme la mise en place d’une rue qui parcourt la majorité de la Grande Cour des Miracles. Ce projet fut mis en échec par les truands. Une seconde tentative fut exécutée par Louis XIV en 1667. Il envoie le lieutenant de la
police de Paris, afin de ravager les quartiers principaux de la cour. Cette action a permis d’emprisonner des mendiants et des voleurs.
Cependant, des récidivistes reviennent sur les lieux, la démarche n’a pas pris long feu. La Cour des Miracles s’est disloquée en 1784. Un édit royal a proclamé la fermeture des lieux par la police. La destruction des habitations de la Cour s’en est suivi. De plus, les trois derniers résidents furent menacés de pondaison, ils finissent donc par quitter définitivement les lieux. La marche des marées devait s’y installer, cependant face à l’état des lieux et sa renommée, ils refusèrent. Les forgerons ont pris la place, d’où l’appellation actuelle de la route « rue de la Forge ».
La Cour des Miracles selon Victor Hugo
La cathédrale Notre-Dame de Paris, l’ancien abri de la Cour des Miracles, est devenue un monument historique qui attire plusieurs touristes. Victor Hugo l’a rendu célèbre à travers son œuvre. Il prend des libertés dans la création de son histoire. Il assemble divers sujets, en l’occurrence il associe le romantisme à l’histoire médiévale. Le roman fut édité en 1831. L’écrivain ajoute l’intrigue de la Cour des Miracles au XVe siècle. Il puise ses sources dans les écrits de l’auteur et historien Henri Sauval.
L’œuvre de Victor Hugo fait référence à l’actuelle cathédrale de Paris. Il évoque une histoire d’amour entre Quasimodo, un personnage extrêmement laid, et la belle bohémienne Esmeralda. Frollo, maître de Quasimodo, ordonna l’enlèvement de la bohémienne. Elle fut délivrée par Phœbus, capitaine de la garde avec qui elle fut éprise.
Dans cette histoire, le capitaine Phœbus fut poignardé, la bohémienne était accusée de meurtre. Quasimodo la délivre et l’emmène dans Notre-Dame, où il lui réclama le droit d’asile. Cependant, Frollo la reprit et la livra aux autorités. Le bossu de Notre-Dame assista à son exécution avec les membres de la Cour des Miracles. Il se précipita dans le charnier pour la sauver. En vain, il se laissa mourir près de sa belle.
Dans son œuvre, Hugo dénonce les reconstitutions mal faites, qui incluent plusieurs monuments historiques, dont Notre Dame de Paris était victime. L’œuvre romanesque de cet auteur donne une seconde vie au monument. Ainsi, des visiteurs qui viennent des quatre coins du monde pour se recueillir auprès de la Notre-Dame. En oubliant l’histoire de ces vagabonds qui vivaient aux alentours de ce monument.
La « Cour des Miracles », une réalité ?
Victor
Hugo compare la Cour des Miracles à une ruche de frelon, où les truands rentraient pour amasser leur gain. Il décrivait aussi ce lieu comme une hideuse verrue présentée sur le visage de Paris. En ce sens, cet endroit était un repère insalubre pour les nécessiteux et les vagabonds.
Une description en détail est effectuée par l’historien Henri Sauva. Dans son ouvrage intitulé « Histoire et recherches des Antiquités de la ville de Paris » en 1660. Il relate une qualification pitoyable des cours. En effet, il compare l’endroit à un « très grand cul-de-sac puant, boueux, irrégulier ». Il ajoute que cette Cour se situait dans des quartiers mal bâtis, sales et reculés de la ville.
En outre, cet auteur a découvert que les lieux abritaient plusieurs ménages dans des logements insalubres et instables. Une image contraire à l’aspect de la ville est donnée dans sa description. Ainsi, la Cour des Miracles peut être un mythe dans l’histoire de Victor Hugo, mais elle est aussi une réalité, car elle hébergeait des personnes vulnérables aux Moyen-âge.