La manière dont la pègre maquille son truque pour poissencher les pantres – 1844

Nomenclature et explication des vols dont chaque jour tout le monde est victime principalement les commerçants.
Le vol à l’écornage [1] Ce genre de vol se fait assez souvent par des gamins. Voilà comment se fait le vol à l’écornage : ils s’approchent de votre magasin et mettent entre le bois et le carreau la pointe d’un couteau, en pesant dessus légèrement ils obtiennent sans bruit une petite fente, et ensuite en posant l’ongle du pouce dessus la fêlure, et pesant un peu, ils font filer la fente par tous les zigzag qu’ils ont besoin d’obtenir ; en faisant une seconde fente au même carreau, ils en obtiennent qui se rejoignent (ce genre de vol s’effectue souvent chez les marchands de nouveautés) ils poussent légèrement en dedans, le morceau tombe sans bruit sur une pièce d’étoffe, ils se sont pratiqué une ouverture, et dévalisent ainsi la montre d’un honnête commerçant. Si le coup manque, avant que le maître de la maison soit sorti, ils sont déjà loin. Aussi vive la mode de Paris, le soir des grillages en fer.   Le saut à la mécanique Lorsque vous êtes dans un endroit sombre et désert, un homme vient doucement derrière ou à côté de vous, vous jette un mouchoir autour du cou et vous enlève sur ses épaules ; pendant qu’il vous tient ainsi, un autre dévalise vos poches.Vous ne pouvez crier ni vous défendre, lorsqu’ils ont fini, ils vous laissent sur la place moitié sans connaissance par la strangulation. Lorsque nous faisons route à pied, ayons toujours un chien. Le vol au Rendez-moi Voici de quelle manière ce genre de vol s’effectue : un individu se présente chez un débitant tel que épicier, marchand de vins, débitant d’eau-de-vie, boulanger, charcutier, il achète quelque chose et paie avec une pièce de cinq francs ; immédiatement après, un autre individu, son compère, vient acheter quelque chose aussi, il choisit le moment qu’il y ait beaucoup de monde à servir, et ne se presse jamais de l’être ; cependant on lui délivre ce qu’il demande, et il dit au marchand : rendez-moi sur la pièce de cinq francs que je viens de vous donner. Le marchand dit n’avoir rien reçu, le voleur s’obstine et prend même la première personne venue à témoin, qui bien sûr dit n’avoir rien vu, alors il semble douter de lui-même, et dit, au surplus, je n’avais que cinq pièces de cinq fr. sur moi, ainsi nous allons voir : ce disant, il vide sa poche et en extrait quatre pièces de cinq francs, et dit vous voyez ; puis il regarde ces pièces et dit au marchand : tenez, pour mieux vous persuader, je me rappelle que la pièce qui me manque était de I828 et avait une barre en travers du cou de Charles X, regardez dans votre comptoir, si vous ne trouvez pas cette pièce, je déclare avoir perdu. Le marchand, avec l’assurance qu’elle ne peut y être, regarde et, à son grand désappointement, la trouve, il est obligé de rendre la monnaie. Le flibustier a toujours soin de prendre au plus pour 40 ou 20 centimes. Voilà comment s’exécute le rendez-moi.   Soliceure [2] à la pogne [3] Les soliceures à la pogne sont des marchands qui s’habillent en marins ou en soldats, qui n’ont jamais avec eux qu’une très-petite quantité de marchandises. Habituellement les articles qu’ils tiennent sont des rasoirs à deux lames, des couteaux, des montres en or, des madras, des mouchoirs de batiste et des coupons de toiles, des services damassés. Les rasoirs sont en fer, les montres en chrysocale ; les madras, mouchoirs, coupons de toiles et service damassé, le tout est en coton apprêté, ils s’annoncent chez vous comme rentrant dans leurs foyers, et ayant passé en contrebande l’objet qu’ils vous offrent, destiné à faire un cadeau à leurs parents, mais ils ont encore loin pour arriver dans leur pays, ils n’ont plus d’argent, et le besoin est la seule cause qu’ils s’en défont, ils n’en connaissent pas le prix quoiqu’il en soit, ils ne manquent pas de vous faire l’objet quatre fois plus que cela ne vaudrait en bonne qualité et n’importe quel prix vous en offrirez ; ils vous le laissent ; ils gagnent encore moitié. Les careurs [4] en gargues [5] Les careurs en gargues sont du genre fashionable ils portent toujours des besicles, ont l’air myope, entrent chez un bijoutier, ont un bijou de prix dont la pierre est égarée, ils veulent la remplacer. Le bijoutier s’empresse de leur en montrer de différentes espèces et les prétendus myopes s’approchent de très-près de la carte où se trouve déposés brillants et perles fines et avec leurs langues attirent subtilement dans leurs bouches plusieurs perles et diamants. Ces voleurs sont rarement pris et gagnent beaucoup. Le vol à la marque Voilà un vol très-adroitement fait qui s’exécuta il y a quelques mois chez un bijoutier de la rue Saint-Honoré. Un individu, richement vêtu se présenta chez lui et demanda à voir quelques tabatières en or, il fut dans l’indécis de savoir laquelle il choisirait dans la crainte qu’elle ne convint pas à son épouse, et dit : c’est une surprise que je lui ménage. Demain matin mon domestique viendra vous avertir, et vous viendrez avec lui chez moi, vous apporterez celles qui sont émaillées, c’est celles qui seront le plus à son goût ; le bijoutier le reconduit avec force compliments. Et en effet, le lendemain à huit heures du matin un domestique à livrée élégante se présente et dit : Monsieur veuillez m’accompagner chez M***. L’honnête commerçant s’empresse de suivre ce jokei, qui lui dit : nous allons rue Lafitte 12. Quelques instants après il se rappelle avoir oublié une commission que Madame lui a donné et qui va lui faire avoir de grands désagréments, c’est à deux pas, il engage le bijoutier à continuer jusqu’à l’hôtel, ce que celui là fait. Notre prétendu domestique arrive tout essoufflé chez le bijoutier et demande que l’on lui remette les boîtes marquées IIKV et XXIXV etc., etc., il en obtient six ; le bijoutier vient de sortir un instant auparavant avec ce domestique, il demande avec des renseignements trop positifs pour que l’on conçoive l’ombre du doute, l’on remet les objets au faux domestique. Au bout de quelques instants le malheureux bijoutier revient chez lui tout désappointé de ne pas avoir trouvé à l’adresse indiquée ce qu’il cherchait et il l’est bien plus, quand il apprend la manière dont il est floué.   Le vol au conoblement [6] Un individu porte chez un horloger une montre à arranger et ne manque pas en même temps de saisir l’un des noms sur certaines montres en réparation et sachant le nom, il le donne à un de ses complices, qui vient avec hardiesse chez le bijoutier voulez vous me remettre la montre de M..... ? le bijoutier n’hésite nullement, la donne ; et le voleur s’en va. Le vol au poivrier [7] Ce sont ceux qui, les dimanche et lundi soir, rodent les barrières et les boulevarts extérieurs où ils ne manquent pas de trouver des hommes ivres ils les dévalisent. Le vol à l’attrapage Le vol à l’attrapage se fait ainsi : un individu vous cherche dispute, vous vous battez, d’autres de ces affidés viennent pour vous séparer. Bousculé d’un côté et d’un autre il vous dévalise sans que vous vous en doutiez. Le vol à la fourline [8] Les fourlineurs sont ceux qui vont dans les réunions, dans les assemblées et vous volent dans vos poches ce qu’ils peuvent y fourliner. Le fourlineur a toujours avec lui deux ou trois acolytes qui s’appellent ses nones (il le none veut dire, il le cache), il s’arrange de manière à ce qu’il ne soit pas vu car le fourlineur a plus à craindre des autres que de vous-même qu’il vole.   Le vol à la ramastique [9] Souvent ils sont habillés et portent le mannequin comme les chiffonniers, ils affectent devant quelqu’un de trouver, de ramasser un objet quelconque, soit une bague, soit une cuillère à café, ils ont toujours soin de le ramasser de manière à ce que vous le remarquiez, il vous offre de vous le vendre ; dans l’idée de faire un bon marché, vous ne manquez pas d’en offrir un prix ; le ramastiqueur vous le laisse toujours, la bague est en argent doré et la cuillère en maillechiort. Le vol à l’étalage Ce sont ceux qui agrippent tout ce qu’ils trouvent à la porte des magasins, ils sont presque toujours en blouse, les mains dans leurs poches et par dessous leur blouse ils empoignent tout ce qu’ils trouvent. Le vol au racolage C’est celui qui vous arrête dans la rue et vous offre une reconnaissance du mont de piété à acheter, c’est, dit-il, celle de sa montre qu’il a mis là, faute d’ouvrage, et que le besoin de s’en retourner à son pays le force à vendre la reconnaissance à son grand regret, une si bonne montre qui venait de son père, la montre n’est engagée que pour 6 francs il n’a pas voulu plus, croyant avoir plus de facilité à la retirer, mais l’on lui en a offert 18 fr. il n’a jamais que la petite reconnaissance, car la grande porte l’estimation. Encore les gens de province à qui il s’adresse ne connaissent pas le traintrain du mont de piété, ils y seraient pris de même. Enfin il vous offre la reconnaissance en pleurant de se détacher d’une aussi bonne montre, il vous la laisse pour 10 francs et 6 du prêt, ça fait 16, la montre en vaut 30, elle n’en vaut pas 6 car les commissionnaires au mont de piété forcent toujours le prêt. Le vol à la charité Le vol à la charité s’exécute en faisant l’aumône. Voici comment : un individu bien mis, entre chez un bijoutier demande à voir des bijoux, et en les regardant il tâche, sans que le bijoutier s’en aperçoive, de laisser tomber un bijou par terre ; s’il le voit, c’est par mégarde, s’il ne le voit pas, un instant après le bijou tombé, un mendiant vient demander la charité, et le voleur lui tend une pièce de monnaie, elle lui échappe des mains ; le mendiant la ramasse, et en même temps le bijou. Si le joaillier s’aperçoit du déficit et le manifeste à celui qui, après l’avoir amusé longtemps, s’en va sans rien acheter, impunément il lui offre de le fouiller, il est bien sûr que l’on ne trouvera rien sur lui.   La boiternière [10] Les boiternières sont porteuses d’une boite très bien garnie de bijoux tous plus beaux les uns que les autres. Chaque objet est coté suivant la valeur que la boiternière veut lui donner ; au milieu, habituellement, il y a une montre cotée 350 francs ; ce jeu se joue ainsi : elles ont un cornet en cuir, dans lequel elles roulent plusieurs dez que l’on jette au hazard ; la boiternière, pour vous exciter à jouer, vous fait jouer un coup pour rien, alors vous gagnez, car les dès sont préparés pour réussir, mais lorsque vous jouez pour tout de bon, elle substitue aux dès avec lesquels vous avez joué des dès pipés en sens contraire, et si la boiternière vous laisse gagner, ce n’est qu’une amorce pour mieux vous flouer. Messieurs méfiez-vous, la boiternière, si elle n’est pas toujours jolie, a tout au moins une toilette très attrayante, un air agaçant et comprenant fort bien la gaudriole, mais ces plaisanteries se tournent toujours aux dépens des mesières (des messieurs). Les rifaudeurs Les rifaudeurs sont une secte bien à craindre, ils s’affublent en mendiants, vont demander l’hospitalité, et dans la nuit jettent des boulettes incendiaires s’esbignent et s’en vont. Faire le grec Ce sont de ces filous qui rodent les cafés à deux, et qui, sans avoir l’air de se connaître, se connaissent fort bien, l’un d’eux vous lie conversation et finit toujours par vous offrir une partie de cartes ; son collègue se place derrière vous, à certain signe, soit en portant la main au chapeau, soit aux yeux, soit au nez, enfin à des signes convenus entr’eux, votre adversaire connaît tout votre jeu, son collègue qui fait le Grec le lui dit. Ne souffrez jamais personne derrière vous quand vous jouez.. Le vol au bonjour Ce genre de vol s’exploite le matin de bonne heure. Le bonjourier met la main sur tout ce qu’il trouve, gare aux voisines qui vont les unes chez les autres et laissent la porte entr’ouverte ; il faut peu de temps au bonjourier pour travailler. Sont ceux qui rôdent la nuit, assassinent le monde, les jettent à l’eau ceci, me rappelle un tour assez plaisant fait par M.***, commissaire de police. Une nuit, à 3 heures du matin, une fruitière descendait du côté du marché des Innocents, elle suivait le long du canal et entendit comme une masse tomber dans l’eau ; elle entendit se débattre et ne douta plus de l’affreuse vérité, c’était un homme que l’on venait de jeter à l’eau ; elle ne dit rien et se cacha derrière un tas de pierres, elle entendit le dialogue suivant entre deux escarpes : pour 16 ronds, ça ne valait pas la peine de nettoyer un gons, peut-être, répondit l’autre, et 15 balles demain quand nous le retirerons, ils s’en allèrent. Plus morte que vive, la fruitière sortit de sa cachette et alla faire sa déclaration chez le commissaire du quartier. En effet, le lendemain deux hommes se présentent chez M.*** pour recevoir la récompense accordée par la loi à ceux qui retirent un cadavre de l’eau. Sur leur réclamation, le commissaire leur compta leur argent, c’est-à-dire 44fr. 20c., ce n’est pas le compte, dit l’un, si, répondit avec sang froid l’intelligent commissaire, avec les16 ronds que vous lui avez pris hier avant de le balancer dans la grande tasse, les deux escarpes se trouvèrent décontenancés, et le commissaire, profitant de son influence, obtint l’aveu du crime qu’avaient commis les deux escarpes. Le vol à la clavette Le vol à la clavette s’exécute par le trou qui se trouve pratiqué à la devanture des boutiques pour l’introduction des boulons qui servent à la fermer, si vous ne mettez que le boulon et non la clavette qui sert à le retenir, les voleurs le retirent et introduisent par le trou un fil de fer crochu, et parviennent à attirer à eux soit un bout de dentelle, ou le coin d’un foulard ; une fois qu’ils en tiennent un petit bout, le reste est bientôt à eux. Le vol au radin Le vol au radin se trouve effectué par de petits garçons, sous les ordres de grands bandits. L’hiver est très, favorable à ce genre de vol, ils profitent de 4 à 5 heures de l’après midi, c’est l’heure habituelle où les commerçants sont dans l’arrière boutique à dîner, ils s’introduisent à quatre pattes et se glissent dans toutes les sinuosités ombrées où la lumière darde le moins ; ils arrivent enfin au comptoir et se blotissent dessous ; quelquefois même une pratique entre, et vous la servez, le petit voleur touche presque vos pieds, et vous ne vous en apercevez pas ; il profite du moment le plus favorable, et s’enfuit avec votre radin, (le tiroir de votre comptoir), si le tiroir, à son grand désappointement est fermé il empoigne ce qu’il trouve.   Le vol à la venterne Le vol à la venterne est également exécuté par des enfants. L’été souvent on laisse ses fenêtres ouvertes le soir, quelquefois même l’on se couche ainsi, rien n’est plus dangereux pour les personnes qui habitent rez-de-chaussée et premier, de grands hommes ont avec eux des gamins qu’ils enlèvent par les pieds à bout de bras, du moment où ils peuvent attraper le dernier barreau, ils sont bientôt chez vous ; quelquefois même, quand c’est trop haut, ils ont une corde au bout de laquelle se trouve un crampon, ils le lancent, et grimpent à la croisée le long de cette corde. Ce genre d’industrie s’appelle marcher à la venterne. Le vol au benjamin S’effectue habituellement par des marchands de mouchoirs : ils n’ont plus que ces six, ils les sortent de leur blouse, car ils n’ont pas, vous disent-ils, de patentes, le commissaire a voulu leur en faire prendre une, mais ils n’ont pas le moyen, aussi vendent ils en cachette. Voyons, madame, mes six derniers pour tel prix, vous les regardez et vous offrez le vôtre, ils les reploient, cela est impossible, les remettent sous leur blouse et vous disent : eh bien ! Madame, décidément voulez-vous mettre tant, non, ils vous les donnent, mais ils ont changé le paquet qu’ils vous donnent, il n’y en a plus que quatre ou six, mais un tiers plus petit. Cette substitution s’appelle faire le benjamin.   Vol à la roulotte Les roulotiers sont des gens qui sont à la piste des voitures de roulage et des diligences des voitures de blanchisseuses. La nuit, sur la route, ils coupent les bâches de vos voitures et attrapent ce qu’ils peuvent. Quelquefois un roulier traîne pendant une heure son voleur sans s’en apercevoir. Les camioneurs aussi à Paris sont bien susceptibles d’être victimes des roulotiers aussi ayez des chiens sous vos voitures, et au premier avertissement regardez. Le vol au cafemon Le vol au cafemon s’exécute ainsi : un individu vient au café, commande 12 demi-tasses qu’il faut apporter la maison à côté, l’individu attend le garçon dans l’escalier, lorsque celui-ci arrive, il lui dit : combien apportez-vous de demi-tasses, 12, dit le garçon, mais je vous en ai demandé 14, donnez-moi cela et courez en chercher deux autres, le crédule garçon y va, et en revenant, trouve dans l’escalier sa corbeille garnie de tout comme avant, seulement il trouve 12 petites cuillères de moins, il a beau demander à tout le monde M. Charles, un grand blond, ou un petit brun, qui doit demeurer au troisième la porte à gauche, personne ne le connaît. Le voleur au digue digue Il entre une dame bien mise dans un magasin, qui y fait des emplettes magnifiques, elle a presque terminé ses achats, d’autres, ses complices, arrivent, le magasin se trouve de suite garni d’acheteurs et acheteuses, tout-à-coup cette dame tombe des attaques de nerfs, cela s’appelle tomber du digue digue ; tout le monde quitte son rayon pour la secourir, elle demande de l’éther, l’on courre en chercher, et pendant ce temps les autres travaillent (les autres vous volent) ; enfin elle va mieux, mais veux prendre l’air un peu, elle sort et vous ne la revoyez plus.   Le vol au carouble Le vol au carouble, ou vol à l’aide de fausses clés, s’exécute presque toujours d’après le consentement de personnes qui vous sont attachées par domesiicité ou par d’autres qui y sont reçues souvent. Ce sont ceux desquels vous vous méfiez le moins qui donnent aux caroubleurs l’empreinte de votre clé, et d’après l’empreinte, prise sur la cire ils en font une pareille. Alors l’on convient du jour et de l’heure où le vol doit s’effectuer, et ceux à qui vous contez votre mésaventure ont souvent partagé dans le vol. Méfiez-vous surtout de laisser la clé de votre chambre en dehors sur la porte, car les caroubleurs montent dans les maisons et tirent doucement votre clé, et la posant sur toute face sur de la cire amodelée, rien n’est plus facile d’en faire une pareille ; si un léger bruit vous donne l’éveil, vous les trouvez à votre porte, ils vous demandent très gracieusement après M. ou Mme un tel. Le vol au commis Un individu vient dans un magasin et demande à voir ce que l’on a de plus beau en cachemire, il en achète un et dit que l’on le lui envoie immédiatement, le patron de la maison remet le cachemire à son commis, ainsi que la facture, le commis accompagne le Monsieur qui le conduit dans une des belles rues de la Chaussée d’Antin, et lui dit, au moment où il frappe à la porte d’un magnifique hôtel, remettez le moi, que j’aie le plaisir de le présenter en entrant, ce que le commis fait sans difficulté ; la porte s’ouvre, il fait entrer le commis le premier, et la referme avec vitesse ; le temps que le portier ait dit qui demandez-vous, et qu’il n’ait tiré le cordon, le voleur est loin. Le rossignoleur à la flanc Le rossignoleur est celui qui porte avec lui une quantité de crochets semblables à ceux dont se servent les serruriers, et qui monte au hasard dans une maison il frappe à la porte, et si personne ne répond, il se met en exécution. Ce vol s’appelle à la flanc. Méfiez-vous des gens qui ne sont pas de la maison et que vous voyez rôder dans les escaliers, demandez-leur hardiment ce qu’ils veulent, ils vous demanderont un centre à la flanc, (un nom au hasard), et se cavaleront car le pentre sera réchauffé ; ils vous demanderont an nom au hasard, ils s’en iront, car vous vous serez douté de quelque chose. Aller au fricfrac Ce genre de vol s’effectue dans le même genre que le rossignoleur à la flanc, à l’exception qu’après s’être assuré de l’absence des personnes, il sorte de dedans leur pantalon, une pince en fer, et soulève votre porte ou la casse. Le voleur au fricfrac est reconnaissable, il n’a qu’une main à son service et marche raide, car la barre de fer dans son pantalon le gêne à marcher, et une de ses mains est occupée à la retenir. Dictionnaire complet de l’argot employé dans Les Mystères de Paris — Ouvrage éminemment utile à toute personne honnête puisqu’il divulgue à la société les mots dont les filoux, voleurs, floueurs, chevaliers d’industrie composent leur conversation. — Ouvrage recueilli par M. D. d’après les renseignements donnés par un ex surveillant de la Roquette et un ancien garde chiourme du bagne de Brest. — Paris - 1844