Le Boulevard du Temple – 1879

Autrefois, le boulevard du Temple était un centre inouï de vie et de tapage. Tout change, tout périt, tout se transforme ! Si l’on remonte à deux siècles seulement, on trouve des moulins à vent sur l’emplacement du Château-d’Eau ; des fossés, des glacis et des contrescarpes à l’endroit où s’élève la caserne. Ce n’est que sous le règne de Louis XV que s’accomplit la formation du boulevard du Temple. Les salles de spectacle, les guinguettes, les cafés y poussèrent bientôt comme des champignons ; la vogue s’en mêla ; on abandonna le jardin des Tuileries, on déserta le Palais-Royal. Tous les jeudis, particulièrement, deux longue files de voitures allant au pas sillonnaient le boulevard du Temple et offraient aux regards les plus jolies femmes, faisant assaut de toilettes et de coquetterie. Les petits-maîtres, en habit de taffetas rayé de toutes les couleurs, se promenaient à pied entre ces équipages. — Le bon ton était alors de tenir à la main des pantins et de s’amuser à les faire mouvoir ; des gens de tous les âges et de tous les rangs s’occupaient à ce jeu. theatre On s’arrêtait du côté des théâtres, où les allées étaient couvertes de chaises ; on prenait des rafraichissements, — on écoutait la vielleuse. Sous la Révolution, sous l’Empire, sous la Restauration, le boulevard du Temple continua à s’accroître. Il atteignit à son apogée pendant le gouvernement de Louis-Philippe. Je l’ai vu pour la dernière fois en 1846, et l’impression que j’en reçus est encore vivante comme alors. C’était du matin au soir une cohue, un bruit, un champ de foire, une kermesse. Ils étaient six théâtres, à côté les uns des autres : le Cirque, la Gaîté, les Folies-Dramatiques, les Délassements-Comiques, les Funambules et le Petit-Lazari. Comme monuments, ils n’avaient aucune apparence ; quelques-uns même étaient ridicules. Vers six heures, les queues s’organisaient, allongeant et contournant leurs anneaux sous le regard paternel d’un municipal. theatre On s’arrêtait du côté des théâtres, où les allées étaient couvertes de chaises ; on prenait des rafraichissements, — on écoutait la vielleuse. Sous la Révolution, sous l’Empire, sous la Restauration, le boulevard du Temple continua à s’accroître. Il atteignit à son apogée pendant le gouvernement de Louis-Philippe. Je l’ai vu pour la dernière fois en 1846, et l’impression que j’en reçus est encore vivante comme alors. C’était du matin au soir une cohue, un bruit, un champ de foire, une kermesse. Ils étaient six théâtres, à côté les uns des autres : le Cirque, la Gaîté, les Folies-Dramatiques, les Délassements-Comiques, les Funambules et le Petit-Lazari. Comme monuments, ils n’avaient aucune apparence ; quelques-uns même étaient ridicules. Vers six heures, les queues s’organisaient, allongeant et contournant leurs anneaux sous le regard paternel d’un municipal. debureau En ce temps-là, on cite un billet charmant de Deburau à George Sand. L’illustre romancière avait envoyé demander des nouvelles du célèbre mime, tombé dans une trappe pendant une représentation des Epreuves. Voici en quels termes lui répondit Deburau : « Je ne sais, madame, comment vous exprimer ma reconnaissance. Ma plume est comme ma voix sur la scène, mais mon cœur est comme mon visage, et je vous prie d’en accepter l’expression sincère. » Marivaux n’aurait pas dit mieux. Charles Monselet - Le petit Paris : tableaux et figures de ce temps - 1879 Le Théâtre à Paris sous la Restauration et la Monarchie de Juillet 1815-1848 Les Grands Boulevards et le Boulevard du Crime, par Danielle Mathieu-Bouillon