« Le musée de Cluny garde et a raison de ne pas montrer au public un « objet de curiosité » très-effrayant.
C’est un meuble du seizième siècle, en forme de buffet ; il vient d’un couvent de femmes, et les armes d’Urbino [1] — le dextrochère [2] et la fleur de lis — sont sculptées au couronnement. Un panneau, sur lequel est peint le Christ ceint d’épines, s’abat subitement et l’on voit apparaître un diable de grandeur naturelle, horrible, crépu, cornu, roulant des yeux furieux, tirant une langue énorme rouge de sang, faisant mine de se jeter sur le spectateur, lui crachant au visage et poussant des hurlements formidables.
C’est l’effet d’un simple contre-poids qui agit simultanément sur le fantoche qu’il met en mouvement, sur un soufflet se dégorgeant dans une trompe de cuivre et sur une cavité molle remplie d’une eau qu’il fait jaillir par la bouche. Le diable noir, nu, enchaîné est une statue en bois peint et articulée ; les yeux et la langue sont mus par un appareil analogue à celui dont les Chinois se servent pour faire balancer la tète des poussahs [3]. C’est bien le démon tel qu’on l’a décrit, tel qu’on doit se le figurer ; de la main droite il fait le geste usité en Italie contre la jettatura [4] ; la main gauche a une pose dont la signification est obscène. L’impression produite devait être redoutable et très-vive.
Les crucifix agitant la tête, les yeux et la langue ne sont pas très-rares dans les collections d’amateurs ; le musée de Cluny en possède un du onzième siècle. Les tableaux représentant des christs qui suent et des madones qui pleurent sont très-communs dans les églises d’Italie ; c’est un tour de passe-passe que chacun peut exécuter avec un réchaud et de la cire vierge. »
Maxime Du Camp - Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie dans la seconde moitié du XIXème siècle - 1873
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