Le marchand de contremarques – 1844

Ce bipède a d’ordinaire la figure fortement picassée, le nez rouge, les cheveux grisonnants et en fouillis ; il sent le vin, a les lèvres bleues et une dent de moins, que lui a usée le brûle-gueule quand cette dent ne lui manque pas, il chique à mort, et semble être payé par la corporation des marchands de fromages pour tuer les mouches au vol. Ce bipède porte ordinairement un chapeau gris ou noir, mais qui a incontestablement éprouvé le malheur des renfoncements aux guerres civiles de la barrière ; sa redingote habituelle (il ne connaît pas l’habit, à moins que ce soit l’habit d’un croque-mort retiré) est longue jusqu’aux talons et d’un drap foncé et couleur de muraille ; ses bottes sont de ces bons faiseurs qui restaurent la chaussure humaine en plein vent au détour de quelques rues de la cité. Mystères galans des théâtres de Paris - 1844