Le médecin parisien d’Asker-Khan, ambassadeur persan en France sous Napoléon Ier
« Asker-Khan, ambassadeur persan venu en France sous Napoléon Ier, se sentant malade depuis plusieurs jours ordonna qu’on fit venir M. Bourdois, l’un des plus habiles médecins de Paris, dont il connaissait le nom, ayant toujours soin de s’informer de toutes nos célébrités dans tous les genres. On s’empresse d’exécuter les ordres de l’ambassadeur ; mais, par singulière méprise, ce n’est pas M. le docteur Bourdois qu’on prie de se rendre auprès d’Asker-Khan, mais le président de la cour des Comptes, M. Marbois, qui s’étonne beaucoup de l’honneur que lui fait l’ambassadeur persan, ne voyant pas d’abord quels rapports il pouvait y avoir entre eux. Cependant il se rendit avec empressement auprès d’Asker-Khan, qui put sans peine prendre le costume sévère de M. le président de la cour des Comptes pour un costume de médecin.
A peine M. Marbois est-il entré que l’ambassadeur lui présente la main, lui tire la langue en le regardant. M. Marbois est un peu surpris de cet accueil ; mais pensant que c’était sans doute la manière orientale de saluer les magistrats, il s’incline profondément, serrant humblement la main qu’on lui présentait. Il était dans cette position respectueuse, lorsque quatre des serviteurs de l’ambassadeur lui apportent et lui mettent sous le nez, à titre de renseignements, un vase d’or à signes non équivoques. M. Marbois en reconnut l’usage avec une surprise et une indignation inexprimables. Il regarde avec colère, demande vivement ce que signifie tout cela, et s’entendant appeler M. le docteur : « Comment, s’écria-t-il, M. le docteur ! — Mais oui, docteur Bourdois. » M. Marbois est confondu. C’est la parité de désinences de son nom et de celui du docteur qui l’a exposé à cette désagréable visite. »