- Le Chat - 1904
Suivant un ancien usage, on suspendait à l’arbre du feu de la Saint-Jean, que l’on dressait sur la place de Grève, un tonneau, un sac ou un panier rempli de chats. On lit dans les registres de la ville de Paris :
« Payé à Lucas Pommereux, l’un des commissaires des quais de la ville, cent sous parisis pour avoir fourni, durant trois années finies à la Saint Jean 1573,
tous les chats qu’il falloit audit feu, comme de coutume, et même pour avoir fourni, il y a un an, où le roi y assista, un renard , pour donner plaisir à sa majesté, et pour avoir fourni un grand sac de toile où estoient lesdits chats. »
Un libelliste du temps de la Ligue, nommé Louis d’Orléans, fait allusion à ces holocaustes de chats, qui n’étaient peut-être qu’une dégénération des sacrifices gaulois, dans une espèce de satire en prose et en vers intitulée :
Le banquet du comte d’Arête, où il se traicte de la dissimulation du roi de Savane et des mœurs de ses partisans, — Que devait-on faire de tous les prédicans et de tous les ministres protestans ? « Il fallait,
dit l’auteur avec l’aménité des temps de guerre civile, il fallait les bailler aux Seize de Paris la veille de la Saint Jehan, afin d’en faire offrande à Saint-Jehan-en-Grève, et que, atachez comme fagots, depuis le pied jusques au sommet de ce haut arbre,
et leur roi dans la nuit où l’on met les chats, on eust fait un sacrifice agréable au ciel et délectable à toute la terre. »
- Veuë de dessus le terrain notre Dame, du pont de lisle et St jan en greve - 16ème siécle
Nous avons déjà entretenu nos lecteurs de l’origine des feux de la Saint-Jehan , et des usages divers suivis à cette occasion en différens pays, notamment en Bretagne. — A Paris , le roi manquait rarement, lorsqu’il s’y trouvait, de venir, accompagné de toute sa cour mettre lui même le feu à l’arbre de la Saint-Jehan. Louis XIV fut le dernier roi qui prit part à cette cérémonie ; il n’y figura qu’une fois. Les prévot des marchands et échevins furent alors chargés de mettre le feu. Cet usage disparut à l’époque de la révolution.
Les Parisiens recueillaient avec soin les tisons et les cendres, et les portaient dans leurs maisons, persuadés que ces restes du feu portaient bonheur.
Le Magasin pittoresque - 1835