Les entreprises de publicité

Du treizième au dix-septième siècle, nos journaux, nos avis divers, nos lettres de faire-part, nos affiches, tout ce qui constitue aujourd’hui la publicité était représenté par les crieurs, fonctionnaires publics assermentés qui, une clochette à la main, s’en allaient crier par les rues. De nombreux poètes populaires nous ont conservé leur souvenir. Ils annonçaient ainsi les décès : Or, dictes vos pate nostres Quand vous oyez que je sonne Pour honorable personne Qui a esté frère nostre ; les réunions de confrérie : C’est à Marly le chastel, La confrairie sainct Vigoust [1], D’y aller chascun prenne goût, Les pardons sont au grant autel ; les personnes disparues : Aucune bonne certaine nouvelle, C’est une fille gente et belle, Qui n’a que l’aage de quinze ans, Qui s’est égarée en dançant. les marchandises à vendre, les objets perdus, etc., etc. Les crieurs restèrent à peu près sans concurrents jusqu’au dix-septième siècle. En 1629 seulement, Théophraste Renaudot fonda une sorte de journal d’annonces, l’Inventaire des adresses du bureau de rencontre, où chacun peut donner et recevoir advis de toutes les nécessitez et commoditez de la vie. Vingt et un ans plus tard, Jean Loret crée la Muze historique, journal hebdomadaire où il habille de ses mauvais vers des annonces de tout genre. En 1676, François Colletet, un poète que Boileau a ridiculisé, s’avise d’éditer le Journal de la Ville de Paris, contenant ce qui se passe de plus mémorable, pour la curiosité et avantage du public, feuille hebdomadaire qui devient bientôt le Journal des avis et affaires de Paris, et que la police ne tarde pas à supprimer. Elle n’en put faire autant de l’idée qu’il traduisait, et, en 1681, apparaît le Journal du bureau de rencontre, à la tête duquel trônait Devizé, déjà directeur du Mercure galant. Ce nouveau journal, souvent modifié dans sa forme et même dans son titre, subsista une dizaine d’années. Enfin, en 1691, Nicolas de Blegny publie, sous le pseudonyme d