Naissance, à Paris, d’une nouvelle secte religieuse ; sort qu’elle éprouva – 1200

En 1200, la crédulité et le fanatisme marchaient de front avec l’anarchie. Il se manifesta, à Paris et ailleurs, une secte entièrement composée de prêtres. Ils niaient, disait-on, la présence réelle, croyaient inutiles la plupart des cérémonies de l’église, et ridicule le culte rendu aux saints et aux reliques. Les partisans de cette secte entraînèrent beaucoup de femmes et les induisirent à la fornication, en leur persuadant que tout ce qu’on faisait par charité n’était pas péché.
Un ecclésiastique nommé Amaury, le chef de cette secte, exposa sa doctrine au pape, qui la condamna. Amaury en mourut, dit-on, de chagrin, et fut enterré dans le cimetière de Saint-Nicolas-des-Champs. Il laissa des disciples presque tous ecclésiastiques ou professeurs en l’université de Paris. Un seul était orfèvre, et remplissait la fonction du prophète. Pour les découvrir, on employa la ruse. Raoul de Nemours et un autre prêtre, furent chargés d’explorer Paris et ses environs. Ils feignirent de partager les opinions des sectaires, et les dénoncèrent ensuite ; ceux-ci furent arrêtés et conduits sur la place des Champeaux. Là des évêques, des docteurs en théologie, les dégradèrent et les condamnèrent à être brûlés vifs. Quatorze de ces malheureux subirent cet affreux supplice, et le subirent avec courage. Quatre furent exceptés et condamnés seulement à une prison perpétuelle. Cette exécution eut lieu le 21 octobre 1210. Les évêques et docteurs, assemblés en concile pour prononcer ce jugement, condamnèrent aussi au feu deux livres d’Aristote sur la métaphysique, et défendirent expressément à toutes personnes de les transcrire, de les lire, ou de retenir dans leur mémoire leur contenu, sous peine d’excommunication. Voilà bien la barbarie ! J.A. Dulaure - Singularités historiques contenant ce que l’histoire de Paris et de ses environs offre de plus piquant et de plus extraordinaire - 1825